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4 novembre 2020

Honorable Hugh J. Flemming, cr
Ministre de la Justice et de la Sécurité publique
Gouvernement du Nouveau-Brunswick
Place de la chancellerie, étage 2
Case postale 6000
Fredericton, N.-B. E3B 5H1

Objet : Application injustifiée d'une ordonnance d'urgence contra Première nation de Listuguj

Cher Ministre Flemming,

Je vous écris au nom de l'Association canadienne des libertés civiles (ACLC) pour m'opposer au traitement illégal par votre gouvernement des élèves de la Première nation Listuguj qui fréquentent l'école secondaire Sugarloaf. La loi exige que ces élèves (et leurs enseignants) puissent fréquenter cette école, mais les représentants du gouvernement du Nouveau-Brunswick contreviennent à la loi en refusant à ces élèves l'entrée dans sa province. Le personnel qui travaille à Sugarloaf, vivant à Listuguj, est apparemment autorisé à entrer dans la province et à se rendre à Sugarloaf, même si les étudiants qu'ils sont embauchés pour soutenir ne sont pas autorisés).

Au moment d'écrire ces lignes, la Première Nation de Listuguj a été informée par le gouvernement que presque tous les élèves du Pain de Sucre n'ont pas le droit de traverser la frontière Québec/Nouveau-Brunswick pour fréquenter l'école. Bien que les élèves aient été autorisés à entrer au Nouveau-Brunswick et à fréquenter l'école pendant les premières semaines de septembre, on leur a par la suite dit qu'ils n'étaient autorisés qu'à « fréquenter » Sugarloaf à distance. La fréquentation physique de l'école était interdite. Nous comprenons que cela a un impact sur plus de 90 étudiants.

Ce que la Première nation de Listuguj entend par votre gouvernement est contraire à votre propre loi. Nous avons examiné le plus récent décret d'urgence du gouvernement, signé par vous le 22 octobre 2020. Ce décret interdit les voyages inutiles au Nouveau-Brunswick, mais crée une exception pour « les résidents de la Première nation de Listuguj et de Point-à-la-Croix, au Québec, » au paragraphe 9(c) de cette ordonnance :

« à Campbellton, les résidents de la Première Nation de Listuguj et de Point-à-la-Croix, au Québec, qui se sont pré-inscrits et ont été approuvés conformément au paragraphe 6 sont autorisés à entrer au Nouveau-Brunswick pour fréquenter une école au Nouveau-Brunswick ou pour obtenir des biens et services essentiels ne sont pas disponibles dans leur propre communauté, sans auto-isolement, à moins que cette personne n'ait voyagé à l'extérieur de ces régions et du Nouveau-Brunswick au cours des 14 jours précédents et/ou présente des symptômes de COVID-19″.

En outre, les informations sur le site Web d'enregistrement des voyages du gouvernement indiquent que :

« Toutes les inscriptions précédemment approuvées à destination et en provenance de la MRC d'Avignon (y compris la Première Nation de Listuguj et Pointe-à-la-Croix, au Québec) pour les voyages simples non essentiels et les inscriptions de plusieurs jours n'étaient plus valides à partir de midi, le 25 septembre 2020 , à l'exception des inscriptions de plusieurs jours approuvées pour le transport des élèves du primaire et du secondaire de la Première Nation de Listuguj et de Pointe-à-la-Croix, au Québec. et ceux délivrés pour le travail, les soins médicaux et la garde d'enfants/la garde des enfants.*** »

La loi énonce l'intention claire de permettre aux élèves de la Première Nation de Listuguj d'entrer dans la province pour fréquenter l'école. Cependant, nous sommes informés que cette loi n'est pas respectée. Le chef de Listuguj a été informé par des représentants du gouvernement provincial que les étudiants ne seront pas autorisés à traverser au poste de contrôle provincial.

Curieusement, votre gouvernement laisse entrer dans la province des membres du personnel de Sugarloaf qui sont des résidents (du Québec) de la Première nation de Listuguj (employés en vertu d'une entente de mise en valeur). On a dit au personnel qu'il était autorisé à traverser la province pour assister au Pain de Sucre. Étant donné que les étudiants qu'ils sont embauchés pour soutenir ne sont pas autorisés à y assister, ces membres du personnel ne l'ont pas fait. Nous comprenons également que les élèves des écoles élémentaires et intermédiaires de la Première Nation sont toujours autorisés à traverser, mais que leur nombre est beaucoup plus petit que les élèves du secondaire qui sont touchés.

Malgré les défis de gouverner pendant une pandémie, les actions illégales et inconstitutionnelles ne peuvent pas être soutenues. Ce genre de distinctions arbitraires et manifestement déraisonnables entre les résidents de différentes provinces et les collectivités des Premières Nations du Canada nécessitent une correction immédiate.

En distinguant les étudiants des Premières Nations, dans ce cas, votre gouvernement risque d'être accusé de discrimination raciale et de violer les garanties d'égalité en vertu de notre Constitution. Nos inquiétudes sont exacerbées dans ce cas parce que les restrictions ont un impact sur une communauté d'étudiants qui sont traditionnellement confrontés à la marginalisation et les distinguent pour un traitement différencié. De plus, nous comprenons que l'option d'apprentissage à distance ne fonctionne pas de manière à offrir aux élèves de la Première Nation de Listuguj un apprentissage comparable à ce qu'ils recevraient en personne à l'école.

Enfin, bien que la pratique consistant à refuser l'entrée aux étudiants soit suffisamment troublante, le fait qu'elle soit sans autorité légale la rend nécessairement inconstitutionnelle et contraire à la première ligne directrice de notre constitution : la primauté du droit. En effet, nous comprenons que la décision du gouvernement ici n'a même pas été communiquée à la Première Nation par écrit, mais a plutôt été communiquée oralement par le sous-ministre et le sous-ministre adjoint, puis simplement suivie d'un point de presse du gouvernement. C'est la quintessence du gouvernement en dehors de la loi. Cela peut également avoir pour effet d'ériger des obstacles inutiles pour ceux qui demandent un contrôle judiciaire. La Cour ne peut pas réviser une loi qui n'existe pas. Le corollaire à cela est que vous invitez des réponses arbitraires à votre application arbitraire de la loi.

Nous vous exhortons fortement à vous assurer que la pratique « sur le terrain » reflète l'ordre juridique actuellement contraignant qui permet aux élèves de la Première Nation de Listuguj d'entrer au Nouveau-Brunswick et de fréquenter leur école. Nous attendons avec impatience votre réponse rapide.

Sincèrement,

Cara Faith Zwibel
Directeur, Programme des libertés fondamentales

À propos de l’association canadienne sur les libertés civiles

L’ACLC est un organisme indépendant à but non lucratif qui compte des sympathisant.e.s dans tout le pays. Fondé en 1964, c’est un organisme qui œuvre à l’échelle du Canada à la protection des droits et des libertés civiles de toute sa population.

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