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PROJET DE LOI C-50 : Loi modifiant la Loi électorale du Canada
Le projet de loi C-50 (« le projet de loi »), également appelé Loi sur le vote des citoyens, est parrainé par le ministre de la Réforme démocratique, Pierre Poilievre (« le ministre ») (le lire sur le site Web du Parlement ICI). Il a atteint sa deuxième lecture à la Chambre. Le projet de loi modifie la Loi électorale du Canada (« LEC »), qui traite des élections et des élections partielles pour le gouvernement fédéral au Canada (voir la Loi électorale du Canada ICI). En particulier, le projet de loi crée de nouvelles restrictions pour les citoyens canadiens vivant à l'étranger qui souhaitent voter aux élections fédérales. Cela soulève d'importantes préoccupations en matière de libertés civiles : les Canadiens non-résidents font déjà face à des obstacles pour exercer leur droit de vote aux élections fédérales, et le projet de loi rend cet exercice encore plus difficile. Le projet de loi limite également les types de documents que les électeurs au Canada et à l'étranger peuvent utiliser pour prouver leur identité et leur résidence.
Fond
La LEC établit actuellement les conditions selon lesquelles les citoyens canadiens vivant à l'étranger peuvent voter par correspondance aux élections fédérales. Il y a deux conditions générales dans lesquelles cela peut se produire. Premièrement, tous les citoyens canadiens qui ont été absents pendant moins de cinq années consécutives et qui ont l'intention de revenir peuvent voter. Deuxièmement, les citoyens canadiens qui appartiennent à l'un des groupes énumérés – y compris les fonctionnaires en poste à l'extérieur du Canada, les membres des Forces canadiennes et divers autres – peuvent également voter, quelle que soit la durée de leur séjour à l'extérieur du Canada (CEA).
L'effet de la LEC est que les Canadiens qui ont vécu à l'étranger pendant plus de cinq ans et n'appartiennent à aucun des groupes exemptés ne peuvent pas voter aux élections fédérales. Après l'adoption de la LEC, deux Canadiens non-résidents depuis plus de cinq ans ont contesté cette restriction devant les tribunaux. Ils ont soutenu que la perte de leur droit de vote violait l'art. 3 du Charte des droits et libertés, qui dit : « Tout citoyen du Canada a le droit de voter lors d'une élection de membres de la Chambre des communes ou d'une assemblée législative et d'être qualifié pour en être membre. La juge Penny de la Cour supérieure de justice de l'Ontario était d'accord. Dans Frank et al. v AG Canada, il a annulé les dispositions restrictives de la LEC – étendant en fait le droit de vote aux élections fédérales à tous les citoyens canadiens à l'étranger. Élections Canada a alors commencé à autoriser ces Canadiens à s'inscrire pour voter (une demande de suspension en instance d'appel a été refusée par l'ONCA : Frank c Canada (Procureur général), 2014 ONCA 485. La réponse d'Élections Canada se trouve ICI).
Plus tard cette année-là, le gouvernement canadien a présenté le projet de loi C-50, qui concerne également le vote des citoyens non-résidents. Mais le projet de loi ne traite pas de l'inconstitutionnalité de la restriction de cinq ans. Il ne modifie pas les dispositions abrogées en Franc. En fait, le gouvernement lance un appel Franc pour tenter de défendre les dispositions restrictives.
Qu'y a-t-il dans le projet de loi?
Le projet de loi apporte plusieurs modifications importantes à la LEC :
(1) Les Canadiens vivant à l'étranger doivent présenter une nouvelle demande de bulletin de vote spécial pour chaque élection fédérale après la délivrance du bref (article 8).
(2) Les bulletins de vote spéciaux pour les électeurs canadiens non-résidents ne peuvent être émis que pour l'adresse où l'électeur a résidé pour la dernière fois au Canada, et les demandes de bulletins de vote spéciaux doivent inclure une preuve de citoyenneté, d'identité et de résidence canadiennes. (Article 9 et 14)
(3) Les documents servant de preuve d'identité et de référence – pour les bulletins de vote spéciaux ou les votes ordinaires – doivent être émis par un gouvernement canadien ou une entité formée au Canada. (Article 4)
(4) Le ministre de la Citoyenneté et de l'Immigration peut partager des renseignements avec Élections Canada pour retirer des non-citoyens du registre électoral. (Article 2)
(5) Certaines nouvelles infractions pénales sont créées. (Articles 16 et 17)
Le projet de loi ne modifie pas l'exigence de cinq ans, qui a été déclarée invalide en Franc.
Quelles sont les préoccupations des libertés civiles?
Le projet de loi rend plus difficile le vote des Canadiens qui vivent à l'étranger. En vertu de l'art. 3 du Charte, les citoyens canadiens ont le droit de voter aux élections fédérales. Les tribunaux ont annulé les restrictions au vote des détenus et de ceux qui vivent à l'étranger depuis plus de cinq ans (voir Sauvé c. Canada (Directeur général des élections). Le droit de vote « est au cœur de la démocratie canadienne ».
Le projet de loi n'abroge pas la règle désormais invalide selon laquelle les Canadiens qui vivent à l'étranger depuis plus de cinq ans ne peuvent pas voter par correspondance. Le gouvernement a fait appel de la Franc décision de défendre cette règle (voir relier). Au lieu de cela, le projet de loi peut créer des obstacles supplémentaires pour les Canadiens non-résidents qui souhaitent voter.
Les changements énumérés aux points (1), (2) et (3) ci-dessus soulèvent tous des problèmes spécifiques :
(1) Le projet de loi oblige les Canadiens vivant à l'étranger à demander un bulletin de vote spécial lors d'une élection donnée seulement après l'annulation du bref. Il s'agit d'une nouvelle exigence. À l'heure actuelle, la LEC permet aux Canadiens non-résidents de s'inscrire à tout moment, y compris avant la délivrance du bref, et ne les oblige pas à présenter une nouvelle demande de bulletin de vote spécial à chaque élection. Le projet de loi C-50 raccourcit le délai pendant lequel les électeurs potentiels peuvent demander, recevoir et renvoyer leur bulletin de vote spécial. Cela fait craindre que certains Canadiens ne soient pas en mesure de soumettre leur candidature et de recevoir leur bulletin de vote à temps pour voter.
Ce changement rend l'exercice de leur droit de vote plus difficile pour les Canadiens non-résidents que pour ceux qui vivent au Canada. Seules les personnes résidant à l'étranger devront attendre la délivrance du bref avant de s'inscrire pour voter et de se réinscrire à chaque élection. (Ceux au Canada peuvent s'inscrire pour voter à tout moment, mais ils doivent attendre la délivrance du bref s'ils souhaitent voter par la poste.) La raison de cette exigence n'est pas claire. Le document d'information du gouvernement (disponible ici) suggère que des bulletins de vote spéciaux pourraient être envoyés aux résidences où l'électeur n'habite plus, mais ne fournit aucune preuve que cela s'est produit ou qu'une fraude a eu lieu.
(2) En vertu de la LEC actuelle, les électeurs non-résidents doivent indiquer leur « lieu de résidence habituelle » et voter dans cette circonscription. Cela peut être le dernier endroit où ils ont vécu au Canada, mais cela peut aussi être la résidence d'un conjoint, d'un membre de la famille ou d'une autre personne avec qui l'électeur vivrait s'il n'était pas à l'étranger. En vertu du projet de loi, les Canadiens non-résidents ne peuvent s'inscrire pour voter que dans la circonscription où ils ont vécu pour la dernière fois au Canada. Le projet de loi exige également que ces Canadiens fournissent une preuve de leur dernier lieu de résidence (article 9).
Le gouvernement a défendu cette disposition du projet de loi au motif qu'elle empêcherait le « shopping à cheval ». Il s'agit de la possibilité que des Canadiens non-résidents choisissent de voter dans des circonscriptions avec lesquelles ils n'ont aucun lien personnel – ou même qu'un grand nombre d'électeurs à l'étranger conspirent pour tous voter dans une circonscription en particulier. Il n'y a aucune preuve que cela s'est produit (voir Franc).
L'exigence de prouver la résidence crée un problème majeur : certains Canadiens à l'étranger peuvent avoir une preuve de citoyenneté mais aucune preuve de leur ancienne adresse au Canada. Il se peut qu'ils n'aient pas encore de permis de conduire canadien ou d'une autre pièce d'identité émise par le gouvernement. Le projet de loi rend plus difficile le vote de ces Canadiens et peut les empêcher de voter complètement.
Pour ceux qui n'ont pas de justificatif de domicile, il existe une procédure pour prêter serment écrit et faire attester votre adresse à la place (article 3). Mais la personne qui atteste doit (i) connaître personnellement l'électeur, (ii) ne pas avoir sa propre adresse attestée, (iii) être qualifiée pour voter dans la même circonscription et (iv) attester l'adresse d'un seul électeur. Cela peut ne pas être possible pour certains électeurs. Même si c'est le cas, l'obligation de présenter une nouvelle demande chaque fois qu'une élection est déclenchée signifie que certains électeurs peuvent ne pas obtenir d'attestations soumises à temps.
(3) Le projet de loi impose de nouvelles restrictions sur les types de documents pouvant être utilisés pour prouver l'identité et la résidence. Ce changement s'applique non seulement aux Canadiens vivant à l'étranger, mais aussi à ceux qui vivent au Canada et votent dans les bureaux de scrutin. Auparavant, la LEC autorisait (a) une pièce d'identité avec photo délivrée par un gouvernement canadien ou (b) tout autre type de document autorisé par le directeur général des élections (CEA). En vertu de l'alinéa b), le directeur général des élections peut autoriser tout type de document « peu importe qui a émis le document ». Le projet de loi C-50, cependant, interdit l'autorisation de documents qui ne sont pas délivrés par un gouvernement canadien ou « une entité qui est constituée ou formée par ou en vertu d'une loi du Parlement ou de la législature d'une province ou qui est autrement formée au Canada » (Article 4). Bref, les documents qui proviennent d'une entité non « formée au Canada » ne sont pas autorisés.
En réduisant les types de documents pouvant être autorisés comme preuve d'identité et de résidence, le projet de loi complique le vote de certains Canadiens. Cela affectera particulièrement ceux qui vivent à l'extérieur du Canada et n'ont personne pour attester leur résidence. La portée de la nouvelle règle est également incertaine, car il n'est pas clair quels types d'entités compteront comme « formées au Canada ». Il se peut que certains documents – comme les relevés de carte de crédit ou les lettres d'universités – ne compteront pas si l'entreprise ou l'université est basée à l'extérieur du Canada (ces deux types de documents sont actuellement acceptés par Élections Canada).
En résumé : le projet de loi C-50 n'abroge pas les restrictions sur le vote des non-résidents qui ont été déclarées inconstitutionnelles dans Franc. Il crée plusieurs nouveaux obstacles au vote de ceux qui vivent à l'étranger : il les oblige à présenter une nouvelle demande dans un court laps de temps pour chaque élection, exige une preuve de résidence passée, crée une procédure d'attestation difficile et réduit les types de documents pouvant être utilisés comme preuve. En rendant plus difficile le vote de certains Canadiens, le projet de loi menace un droit fondamental.
Ressources associées
Dara Lithwick, Bibliothèque du Parlement, «Résumé législatif du projet de loi C-50 : Loi modifiant la Loi électorale du Canada"
Althia Raj, "Le projet de loi C-50, Loi sur le vote des citoyens, supprimerait les votes, selon le NPD", Huffington Post.
Député Craig Scott, «Pourquoi rendre difficile le vote ?", Poste nationale.
Kira Demendeev, Surveillance des droits de l'ACLC, "Le droit de vote en tant qu'expatrié. "
Colin Perkel, "Le gouvernement fédéral se bat pour refuser le droit de vote aux expatriés de longue date alors que l'affaire se dirige vers un appel", Globe and Mail.
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