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Beaucoup de choses ont changé depuis la décision de la Cour suprême en 2015 dans Carter c. Canada. Dans cette décision, le tribunal a décidé que l'interdiction de l'aide médicale à mourir était inconstitutionnelle et que l'aide médicale à mourir était un droit pour les adultes souffrant de maladies « graves et irrémédiables ».[1] En réponse, le Parlement a rédigé et ratifié le projet de loi C-14, Assistance médicale à mourir. Depuis l'entrée en vigueur du projet de loi en décembre 2015, plus de 2 150 personnes ont entrepris une assistance médicale à mourir.[2] Bien que la loi révolutionnaire ait considérablement changé le traitement de fin de vie au Canada, elle n'est pas sans controverses. Les termes vagues du projet de loi C-14 peuvent empêcher les médecins d'accorder l'admissibilité des patients par crainte d'accusations criminelles. De plus, les demandes avancées d'aide à mourir sont interdites par cette nouvelle loi, ce qui signifie que les personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer ou de démence peuvent être exclues de l'aide à mourir.
Admissibilité
Les personnes qui demandent l'aide à mourir doivent rencontrer tous les critères suivants précisés dans le Code criminel :
- Doit avoir 18 ans ou plus
- Doit être mentalement compétent et être capable de prendre des décisions éclairées en matière de soins de santé de manière indépendante au moment de la demande
- Doit avoir une condition médicale grave et irrémédiable, ce qui signifie qu'il faut :
- Avoir une maladie grave, une maladie ou un handicap
- Être dans un état de déclin avancé qui ne peut pas être inversé
- Expérimenter des souffrances physiques ou mentales en raison de l'état de santé qui ne peut être soulagé de manière acceptable
- Soyez à un point où la mort naturelle est raisonnablement prévisible, bien que la condition n'ait pas besoin d'être terminale ou fatale.
- Doit donner son consentement éclairé pour recevoir l'aide à mourir
- Deux médecins ou infirmières praticiennes doivent fournir des opinions écrites confirmant indépendamment qu'une personne est admissible à l'aide médicale à mourir
- La demande d'aide à mourir doit être volontaire et non le résultat d'une pression ou d'une influence extérieure [3]
Comment l'aide médicale à mourir est-elle mise en œuvre :
Une fois qu'une personne a été jugée admissible, il existe deux types d'aide médicale à mourir. Un médecin ou une infirmière praticienne peut soit administrer directement une substance qui cause la mort, soit fournir ou prescrire un médicament qu'une personne peut prendre elle-même pour provoquer sa propre mort.[4]
Mort naturelle raisonnablement prévisible :
Le projet de loi C-14 exige que la mort naturelle de la personne soit « raisonnablement prévisible ». Ce terme vague a suscité quelques controverses. Le Parlement garantit que la condition médicale n'a pas besoin d'être terminale ou mortelle et que le terme « raisonnablement prévisible » tient compte de toutes les circonstances médicales et n'exige pas de pronostic sur le temps qu'il reste à vivre.[5] Néanmoins, le terme est vague et pose certaines difficultés aux médecins et aux infirmières praticiennes qui évaluent l'admissibilité d'une personne à l'aide médicale à mourir.
L'affaire de AB c. Canada fournit un bon exemple de la façon dont la vague phase de mort naturelle « raisonnablement prévisible » peut entraîner des complications pour ceux qui demandent l'aide à mourir. AB était un patient atteint d'un cancer de 80 ans qui souffrait d'une douleur ininterrompue et atroce. Deux médecins ont convenu qu'elle répondait aux critères d'aide à mourir, ce qui la rendait admissible. Un autre médecin, cependant, n'était pas d'accord pour dire que la mort d'AB était « raisonnablement prévisible ». Bien qu'AB soit techniquement qualifiée pour l'aide à mourir, aucun médecin ou infirmier praticien n'aiderait AB à mourir car ils ne voulaient pas être tenus responsables d'une accusation criminelle.[6]
La Cour supérieure de l'Ontario a statué que même si AB était admissible à l'aide à mourir, il n'appartient pas à la cour de prendre des décisions pour les médecins qui sont exclusivement responsables de décider si l'admissibilité à l'aide à mourir est respectée dans chaque cas. Ils ont également statué qu'il n'appartenait pas au tribunal de décider qui est responsable des accusations criminelles, une obligation qui relève de la prérogative de la Couronne.[7] La Cour a conclu que le terme « mort naturelle » n'a pas besoin d'être lié à une maladie ou un état terminal particulier et est plutôt lié à toutes les circonstances médicales d'une personne en particulier.[8]
Aucun médecin ni aucun praticien n'a encore fait l'objet d'accusations criminelles pour avoir administré l'aide à mourir depuis la ratification du projet de loi C-14. Pourtant, l'imprécision du terme « raisonnablement prévisible » dans le projet de loi C-14 peut empêcher les médecins d'aider les patients à mourir parce qu'ils craignent des répercussions criminelles.
Maladie mentale et demandes avancées :
Le projet de loi C-14 exige que les personnes qui demandent l'aide à mourir donnent un consentement éclairé et soient mentalement aptes au moment de leur demande. En raison de cette exigence, le projet de loi interdit les demandes avancées d'aide à mourir et les patients atteints de maladies mentales telles que la démence et la maladie d'Alzheimer peuvent ne pas être admissibles à ce service. L'admissibilité d'une personne dépendrait de la gravité de sa maladie mentale et de son état d'esprit sain au moment de la demande. Des questions ont été soulevées par des groupes d'intérêt public concernant la constitutionnalité de cette disposition, car elle peut « discriminer injustement des groupes entiers de Canadiens désespérément malades sur la base de leurs diagnostics ».[9] Pourtant, cette contestation constitutionnelle n'a pas encore été testée devant les tribunaux.
Au Canada, environ 564 000 personnes vivent avec la démence et 25 000 nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année.[10] La dépression clinique est un symptôme courant des patients souffrant de démence et de la maladie d'Alzheimer, affectant 30 à 50 pour cent des personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer.[11] Si le Canada mettait en œuvre des mesures permettant des demandes avancées d'aide à la mort pour accommoder les personnes atteintes de démence et de la maladie d'Alzheimer, il ne serait pas la première nation à le faire; La Belgique, les Pays-Bas et le Luxembourg autorisent le choix avancé en matière d'aide à mourir.[12]
En décembre 2016, le Parlement a annoncé que l'organisme indépendant financé par le gouvernement fédéral Conseil des académies canadiennes examine les questions du projet de loi C-14 sur les demandes avancées, les demandes où la maladie mentale est la seule maladie et les demandes des mineurs matures. Les rapports n'émettront pas de recommandations mais fourniront des informations factuelles, qui seront discutées au parlement.
Plus d'information:
Département de la Justice: Questions et réponses sur le projet de loi C-14
Collège des médecins et chirurgiens de l'Ontario : Énoncé de politique
Position de l'ACLC sur le projet de loi C-14
[1] Carter c. Canada (Procureur général), 2015 CSC 5, paragraphe 70.
[2] Santé Canada, 2e rapport provisoire sur l'aide médicale à mourir au Canada (Ottawa : 2017).
[3] Code criminel, LRC 2016, c C-27 art 241.2.
[4] Idem, article 241.1.
[5] Idem, article 241.2(2)(d).
[6] AB c Canada (Procureur général), 2016 ONSC 3759.
[7] Idem, par. 66-68.
[8]Idem, paragraphe 81.
[9] Mourir dans la dignité Canada, « Mourir dans la dignité Canada déçu par l'approche d'Ottawa pour étudier l'avenir de la loi canadienne sur l'aide à mourir », en ligne : .
[10] Société Alzheimer du Canada, « Numéros de la démence au Canada », en ligne : .
[11] J. Diehl-Schmid, R. Jox, S. Gauthier, et al.,« Le suicide et l'aide à mourir dans la démence : ce que nous savons et ce que nous devons savoir. Une revue de littérature narrative » (2017) 29:8 International Psychogeriatrics 1247 à 1250.
[12] Idem.
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