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23 mars 2020

L'honorable Chuck Porter
Ministre des Affaires municipales et du Logement
14e étage nord, centre maritime
1505, rue Barrington, C.P. 216
Halifax, N.-É. B3J 2M4

Cher Ministre,

Nous vous écrivons au sujet de la directive en vertu d'un état d'urgence déclaré que vous avez récemment émise, informant que tous les parcs et plages publics seraient fermés et que toutes les personnes entrant dans la province seront contrôlées à la frontière. Nous avons un certain nombre de questions et de préoccupations au sujet de cette orientation.

Nous apprécions les défis importants que présente la crise de santé publique actuelle et ne suggérons pas que des mesures extraordinaires ne puissent être prises si légalement autorisées, nécessaires et proportionnées. Cependant, il est important que le public comprenne la justification des mesures prises par le gouvernement afin qu'il puisse évaluer par lui-même les questions de nécessité et de proportionnalité. Plus que jamais, il est essentiel que les gouvernements soient transparents sur les mesures qu'ils prennent et communiquent clairement avec la population sur les raisons qui sous-tendent les mesures restrictives.

En ce qui concerne la fermeture de tous les parcs et plages provinciaux et municipaux, quel est le fondement de cette décision ou la preuve que de telles mesures sont nécessaires? Le site Web du gouvernement note que les sentiers publics seront ouverts pour permettre l'exercice, mais que les limites de rassemblement et les directives de distanciation sociale doivent être respectées. Premièrement, cette exception concernant les sentiers provinciaux n'est pas explicitement prévue dans l'instruction ministérielle officielle. Deuxièmement, il semble probable qu'il y aurait plus d'espace physique pour permettre le respect de ces limites et directives dans les parcs et sur les plages que sur les sentiers – pourquoi les mêmes normes ne s'appliqueraient-elles pas dans ces espaces ? Troisièmement, nous sommes très préoccupés par l'impact que ces fermetures auront sur la population des sans-abri, une population particulièrement vulnérable en ce moment. Quels aménagements ou mesures spéciales le gouvernement prend-il pour protéger ces personnes? S'ils n'ont pas accès à un abri, où doivent-ils aller sinon un espace public, un parc ou une plage ? Aucun gouvernement ne peut créer un ordre qui ne peut être respecté - alors quel est votre logement pour ceux pour qui un abri n'est pas disponible ? Si les sans-abri cherchaient refuge dans un parc, où les feriez-vous déménager ?

Concernant les contrôles à la frontière provinciale, nous vous serions reconnaissants d'avoir des précisions sur la manière dont ces contrôles seront effectués et par qui. Comme vous le savez, les citoyens canadiens et les résidents permanents jouissent de la liberté de mobilité au Canada, protégée par l'art. 6(2)a) de laCharte canadienne des droits et libertés. En se basant uniquement sur le langage de l'instruction ministérielle, on pourrait penser que la Nouvelle-Écosse envisage de refuser les Canadiens, mais le site Web du gouvernement indique que :

Les frontières de la Nouvelle-Écosse se resserreront pour les voyageurs et tous les points d'entrée (terrestres, maritimes, aériens) seront étroitement gérés. Toute personne entrant dans la province sera arrêtée, interrogée et invitée à s'isoler pendant 14 jours.

Il existe également des exceptions énoncées sur le site Web du gouvernement qui ne ressortent pas de l'instruction ministérielle ; ce niveau de détail devrait être inclus dans l'instrument juridique en vertu duquel le gouvernement prétend exercer son autorité et il devrait être clairement indiqué que la province n'a pas l'intention de refuser les visiteurs canadiens. Nous remettons également en question l'exigence selon laquelle tous ceux qui entrent dans la province s'auto-isolent pendant 14 joursindépendammentde savoir s'ils se sont auto-isolés pendant cette période dans une autre partie du Canada. Comme indiqué au début, les restrictions aux droits et libertés, même dans ces circonstances exceptionnelles, doivent être nécessaires et proportionnées.

Sincèrement,

Cara Faith Zwibel, LL.B., LL.M.
Directeur, Programme des libertés fondamentales

À propos de l’association canadienne sur les libertés civiles

L’ACLC est un organisme indépendant à but non lucratif qui compte des sympathisant.e.s dans tout le pays. Fondé en 1964, c’est un organisme qui œuvre à l’échelle du Canada à la protection des droits et des libertés civiles de toute sa population.

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