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1er avril 2021

Une décision de la Cour d'appel de l'Ontario a accordé une victoire aux défenseurs de la primauté du droit et de la responsabilité gouvernementale.

Dans Francis c. Ontario, rendu public le 31 mars 2021, la Cour a été invitée à examiner un appel d'une décision dans laquelle le gouvernement de l'Ontario a été condamné à verser $30 millions de dommages-intérêts aux membres d'un recours collectif. Les membres du groupe étaient des personnes qui avaient été placées en isolement préventif (isolement cellulaire) dans des établissements correctionnels de l'Ontario entre avril 2015 et septembre 2019 – en particulier celles atteintes d'une maladie mentale grave et celles placées à l'isolement pendant plus de 15 jours consécutifs.

Le ministère public avait interjeté appel de la décision du tribunal inférieur en faisant valoir qu'il n'y avait eu aucune violation des droits garantis par la Charte et aucune négligence du gouvernement. La Cour d'appel a rejeté les deux arguments. La Cour a souscrit à d'autres décisions de l'Ontario qui ont conclu que la pratique de l'isolement cellulaire est une violation de l'article 7 de la Charte (le droit à la vie, à la liberté et à la sécurité de la personne, et le droit de ne pas l'être sauf conformément aux principes de justice fondamentale) et l'article 12 de la Charte (le droit de ne pas être soumis à des peines cruelles et inusitées).

Sur la question de la négligence, la Couronne s'est fondée en partie sur la Crown Liability and Proceedings Act (CLPA), une loi adoptée en 2019 qui avait le potentiel d'étendre considérablement la portée de l'immunité de la Couronne. En vertu de la loi antérieure à l'adoption de la CLPA, le gouvernement n'était pas responsable de négligence en matière de « questions de politique » mais pouvait être tenu responsable de négligence en matière de « matières opérationnelles ». En vertu de la CLPA, la même règle s'appliquait, sauf que la définition de « questions de politique » dans la loi était exceptionnellement large et éliminait sans doute toute distinction significative entre la politique et le fonctionnement.

L'ACLC était profondément préoccupée par cette loi lorsqu'elle a été introduite, car elle risquait de compromettre sérieusement les tentatives valables de tenir le gouvernement responsable des torts commis par le biais de poursuites civiles. Nous sommes intervenus dans des cas où les tribunaux ont été invités à l'interpréter. Dans Leroux c. Ontario, une décision récente de la Cour divisionnaire de l'Ontario, l'ACLC était intervenue pour faire valoir qu'une immunité élargie pour la Couronne pénétrait en territoire inconstitutionnel en écartant la compétence des cours supérieures. Dans Leroux, la Cour a finalement déterminé qu'elle n'avait pas besoin de se pencher sur l'interprétation de la CLPA et a tranché l'affaire pour d'autres motifs.

Dans Francis, l'ACLC est également intervenue sur la question de l'interprétation du CLPA. La Cour d'appel de l'Ontario s'est directement penchée sur la question et a conclu qu'en l'absence d'un langage clair dans la loi, elle ne pouvait être interprétée comme modifiant la common law de l'immunité de la Couronne. La Cour s'est fondée en partie sur des déclarations faites par le procureur général lors de l'introduction de la loi, qui disait qu'elle cherchait simplement à codifier la common law.

La décision de la Cour est une victoire pour ceux qui se soucient de la responsabilité du gouvernement. Nous remercions Jonathan Lisus, Phillip Underwood et Zain Naqi de Lax O'Sullivan Lisus Gottlieb pour leur excellente représentation pro bono à Francis et à Jennifer Hunter et Jacqueline Palef de Lerners LLP pour leur excellente représentation pro bono à Leroux.

Cara Zwibel est directrice des libertés fondamentales à l'Association canadienne des libertés civiles

À propos de l’association canadienne sur les libertés civiles

L’ACLC est un organisme indépendant à but non lucratif qui compte des sympathisant.e.s dans tout le pays. Fondé en 1964, c’est un organisme qui œuvre à l’échelle du Canada à la protection des droits et des libertés civiles de toute sa population.

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