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Réparer la loi brisée de la libération sous caution ne peut se faire sans une action tardive des législateurs réunis cette semaine. C'est pourquoi, le mois dernier, 18 organisations de la société civile et universitaires de premier plan ont écrit au ministre de la Justice pour exhorter le gouvernement à adopter un ensemble concret de Code criminel réformes.

C'est peut-être la dernière occasion pour Ottawa de tenir ses nombreuses promesses de faire quelque chose de significatif dans ce domaine, avant les élections de 2019. La Cour suprême du Canada a fait de son mieux pour éliminer les mauvaises pratiques des juges du tribunal des cautions, dans le Antiquité décision il y a un peu plus d'un an. C'est maintenant au tour du Parlement, mais ce qui est actuellement sur la table, ce sont des paroles en l'air et une réaffirmation du statu quo. Il n'est pas trop tard pour faire mieux.

Il est maintenant évident que le système de mise en liberté sous caution du Canada détient et criminalise inutilement les personnes légalement innocentes. C'est une réalité vécue chaque jour par ceux qui ont été accusés d'un crime – en particulier ceux qui ont des problèmes de santé mentale, des toxicomanies, des personnes vivant dans la pauvreté, des Autochtones et des membres de communautés racialisées. Ce sont les personnes les plus touchées par le cercle vicieux de la détention provisoire, de la libération trop restrictive et de la re-criminalisation.

À Ottawa, un groupe de parlementaires étudie une proposition de solution. Le Comité permanent de la justice et des droits de la personne de la Chambre des communes siégera à nouveau cet après-midi de poursuivre leur examen article par article du projet de loi C-75, qui contient la réponse proposée par le gouvernement fédéral aux échecs de notre système de mise en liberté sous caution.

Le problème n'est pas que leurs réformes de la caution soient répréhensibles. La plupart ont l'air bien sur le papier. Ils parlent de la nécessité d'utiliser la détention provisoire avec retenue. Les réformes répondent également aux réalités de ceux qui sont pris dans ce système, nécessitant une attention particulière à la situation des accusés autochtones et des accusés issus de populations vulnérables. Et ils précisent que les conditions et formes de libération les plus restrictives doivent être utilisées avec parcimonie.

Mais il y a un gros problème – c'est déjà la loi sur la libération sous caution au Canada. Il n'y a presque rien de nouveau ici. Sur la caution, le projet de loi réaffirme les principes fondamentaux qui ont déjà été réitérés par les cours d'appel à maintes reprises. Si notre système de mise en liberté sous caution n'a pas été en mesure de suivre systématiquement un précédent clair et contraignant, pourquoi le renforcement des normes dans le Code criminel avoir un plus grand effet ?

La nature exacte du « problème de la libération sous caution » varie d'un bout à l'autre du pays. En Alberta, de récents changements apportés au fonctionnement de la mise en liberté sous caution ont retardé l'enquête initiale sur le cautionnement pour des centaines d'accusés, une violation massive de la Charte droits; un recours collectif a été lancé. Dans de nombreux tribunaux de l'Ontario, l'hypothèse par défaut est qu'une caution est requise – la forme de libération la plus restrictive – renversant la loi sur la mise en liberté sous caution et créant des retards massifs pendant lesquels les gens resteront en prison. Des études menées au Québec et en Colombie-Britannique montrent à maintes reprises que des zones géographiques « non autorisées » trop restrictives restreignent l'accès aux services sociaux essentiels – soins de santé, nourriture, logement. Et il existe toujours une croyance persistante selon laquelle imposer une condition d'abstinence à un alcoolique a du sens, tout en garantissant une violation de la caution pour le toxicomane. En fait, si plus d'une décennie de tentatives et largement d'échecs dans la réforme du cautionnement dans les provinces fournit des leçons, c'est que la réforme législative fédérale est précisément ce dont nous avons besoin.

Une réforme législative peut réinitialiser la culture juridique – mais il faudra plus que simplement reformuler la loi existante pour y parvenir. Pendant des années, les experts ont demandé une réécriture complète des dispositions du Code criminel sur la mise en liberté provisoire pour aider à réinitialiser la culture juridique. Le Comité permanent de la justice et des droits de la personne ne sera pas celui qui entreprendra ce projet. Nous devrons nous tourner vers le gouvernement fédéral pour un programme de réforme pénale plus ambitieux pour y parvenir.

Mais cela ne veut pas dire que le projet de loi C-75 ne peut pas être amélioré. Les témoins qui ont comparu devant le Comité ont suggéré des dizaines de changements significatifs qui pourraient en fait avoir une incidence sur la conduite des procédures de mise en liberté sous caution et endiguer la vague d'accusations d'administration de la justice. Les propositions comprenaient l'exigence que des raisons soient fournies pour imposer des conditions et des formes restrictives de libération; restreindre les motifs de sécurité publique pour la détention provisoire afin de traiter réellement les risques pour la sécurité physique ; renforcer le détournement des charges d'administration de la justice ; et veiller à ce que personne ne soit confronté à une détention provisoire plus longue que s'il était reconnu coupable et condamné. Ces propositions ont été soulignées à nouveau dans la lettre la plus récente au ministre de la Justice.

Apporter ces changements et d'autres au projet de loi C-75 n'atténuerait pas le besoin d'une réforme plus large dans ce domaine. Mais ce serait un premier pas – et qui va au-delà du simple fait de dire « cette fois, nous le pensons vraiment ».

LETTRE AU MINISTRE

Lettre de l'ACLC et d'autres concernant le projet de loi C-75

À propos de l’Association canadienne des libertés civiles

L’ACLC est un organisme indépendant à but non lucratif qui compte des partisans dans tout le pays. Fondée en 1964, c’est une association de défense des droits de la personne qui opère à l’échelle du Canada pour défendre les droits, la dignité, la sécurité et les libertés de toute la population.

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